Elle contenait des articles qui seraient utiles pour soigner les blessures et les plaies consécutives à la descente ou à l’atterrissage. Lorsque l’armée américaine a commencé à tester des unités aéroportées au début de 1942, chaque parachute d’instruction (T-4 et T-5) était donc livré avec la trousse de premiers secours spéciale. Elle a connu plusieurs changements au cours de la Seconde Guerre mondiale, et son utilité et sa compacité ont fait qu’elle a été distribuée beaucoup plus largement qu’aux seuls personnels dotés d’un parachute.
La trousse a été produite par des fabricants différents de ceux des parachutes eux-mêmes, et elle a conçue et fournie par le service de santé, plutôt que par les forces aériennes.
La trousse premier modèle
Le kit dit « premier modèle » est contenu dans une pochette de toile robuste et imperméable, fermée sur le dessus au moyen d’une fermeture éclair résistante. Elle comportait deux sangles cousues sur le fond, grâce auxquelles elle pouvait être attachée au harnais du parachute. Sa forme et sa taille étaient conçues pour qu’on la positionne en toute sécurité sur la sangle verticale côté droit du harnais, à l’opposé de la poignée d’ouverture des parachutes d’aviateur. L’inscription « FIRST-AID » était imprimée sur les deux côtés de la pochette, et le zip était muni d’une tirette en forme de cloche pour faciliter l’ouverture.
La trousse premier modèle change de classification le 15 août 1943, avec la circulaire (Change Notice) No. 2-1943, qui décrète qu’elle désormais distribuée « Issue While In Stock » (IWS), c’est-à-dire tant qu’elle est en stock. Un autre modèle a en effet été conçu, dénommé « second modèle » par les collectionneurs.
La trousse second modèle
Le second modèle de trousse, réalisé en grande quantité comme un objet consommable, n’utilise plus de fermeture à glissière. C’est un simple sachet en toile fine, enduite pour l’imperméabiliser (similaire à celle des pochettes pour ration Jungle Food Bags). Une fois rempli, il est hermétiquement scellé sur les quatre bords. Grâce à ce matériau plus fin et à une construction moins complexe, le coût est presque réduit de moitié. En effet, le premier modèle de trousse avait un prix unitaire d’un dollar, alors que le second n’a coûté que 60 cents au Service de santé !
Une variante ultérieure de la pochette – qui ne semble pas avoir été distribuée avant l’opération « Market- Garden » – comporte des coutures en zigzag sur toute la longueur des deux grands côtés et présente également la mention « First-Aid » imprimée avec des caractères « bâton » sans empattement.
Des encoches en haut et en bas de la pochette permettent de l’ouvrir facilement avec les doigts. Les attaches sont maintenant en ruban léger en trame à chevrons et sont fixées par paire sur chaque grand côté. En outre, l’inscription « First-Aid » est imprimée en plus petit sur un seul côté de la pochette, en caractères avec et sans empattement.
Comme la nouvelle pochette est moins rigide, l’emballage utilisé pour la syrette de morphine a été amélioré. La taille de la boîte a été légèrement augmentée et un tube en carton a été ajouté pour maintenir la syrette à l’intérieur. Le garrot – cette fois-ci en toile avec boucle de serrage – était aussi parfois logé dans un carton (selon le fabricant) pour empêcher la boucle métallique de percer la toile du sachet.
Le volume interne de cette pochette était proche de celui de son prédécesseur, mais son matériau souple permettait d’y ajouter l’article suivant : un sachet de huit comprimés de Sulfadiazine (Item No 91204, qui se trouve déjà dans la pochette standard contenant le paquet de pansement du soldat). La sulfadiazine est un antibiotique qui aide à prévenir l’infection des plaies ouvertes. L’ajout a été autorisé par l’avis de modification du catalogue du Service de santé No 2-1943.
On ajoute aussi à la trousse une notice qui fournit des instructions détaillées pour l’utilisation de certains éléments, comme la syrette et le garrot. Plusieurs variations de la notice ont été observées. Le premier type ne comportait aucune référence au Government Printing Office (GPO- l’imprimerie nationale des USA) au bas à droite, et indiquait l’ancienne nomenclature Packet, First-Aid, Parachute. Les notices suivantes indiquent la nouvelle appellation Packet, First-Aid, Parachutist, et la référence d’impression du GPO dans le coin inférieur droit. Il y a au moins deux références connues pour cet imprimé : 16-28598-1 GPO et 16-27688-1 GPO.
En mars 1944, la trousse a reçu son nouveau numéro d’Item à 7 chiffres (9778500), et un composant est ajouté : 1 enveloppe de 5 gm de sulfanilamide cristallin (Item n° 9121100). C’est l’antiseptique à saupoudrer sur la plaie, qui était également présent dans le pansement individuel standard en boîte métallique.
Une autre modification est introduite au même moment, conformément aux recommandations du chef du service de santé (le Surgeon General) : le pansement individuel logé dans la trousse doit être le Field brown Dressing de couleur brune, plutôt que l’ancien paquet avec pansement en gaze blanche.
Bien qu’elle ait été ajoutée un an plus tôt, il convient de noter qu’en juin 1945, l’enveloppe poudreuse de sulfanilamide est retirée de la trousse car on réalise qu’en réalité, ce produit « pollue » la blessure.
À part ce qui précède, la trousse ne change plus jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle fut officiellement rebaptisée « First Aid Kit, Parachute », avec le nouveau numéro de stock 9-226- 100 en juillet 1947. Son contenu est figé, à l’exception du garrot en toile, remplacé un garrot élastique (n° de stock 3-829-400).
Les photos d’époque et les exemples originaux qui existent dans diverses collections du Monde entier indiquent également qu’il était courant de peindre une croix rouge sur la trousse. Il semble que cela résulte d’initiatives individuelles, et cette marque était généralement appliquée sur le devant, par-dessus le « FIRST-AID » imprimé en usine. Il existe de nombreuses théories sur les raisons de cette pratique, par exemple l’augmentation de la visibilité de l’article lorsqu’il est porté sur l’uniforme couleur Olive Drab. Une autre explication probable est que la croix rouge était un symbole international reconnu pour les premiers secours, et comme la trousse ne porte pas cette marque à l’origine, le soldat l’applique pour le cas où il serait blessé dans un pays étranger.
Cette pratique semble avoir été très courante parmi les aviateurs, ce qui renforce cette théorie, car la possibilité qu’ils sautent en parachute au-dessus d’un territoire ennemi ou étranger était élevée.
Utilisation et problématique
Bien qu’elle ait été initialement conçue pour les personnels équipés de parachutes, la trousse a rapidement démontré que ses aspects pratiques permettaient d’élargir son utilisation.
Par exemple, le dossier 8-13-1 Pilot’s Information File (PIF) 8-13-1 (First Aid) daté du 1er février 1945 indique que la trousse doit aussi être logée dans les tourelles des mitrailleurs et autres espaces exigus où la grosse trousse collective Kit, First-Aid, Aeronautic n’est pas accessible.
Mais le Packet, First-Aid, Parachutist a également été largement utilisé en dehors des US Army Air Forces et des troupes aéroportées. Par exemple, un exemplaire est remis à tous les personnels des divisions de première vague au cours de l’opération Neptune en Normandie. En effet, la trousse imperméable peut être ficelée sur le buste afin d’être rapidement accessible.
Comme son contenu était également plus adapté aux traumatismes graves, c’était un équipement populaire parmi les hommes, et de nombreux soldats le gardaient sur eux longtemps après avoir débarqué.
La trousse fut distribuée dans les zones de rassemblement du Sud de l’Angleterre, et tous les destinataires reçurent oralement des instructions sur son emploi. Malgré cette formation, deux semaines après le 6 juin 1944, la 1st Infantry Division ordonne la réintégration de toutes les trousses, car il y avait eu de nombreux rapports d’hommes administrant trop de morphine à leurs camarades blessés. La trousse est cependant observée en Normandie jusqu’en juillet 1944, dans l’infanterie comme chez les aéroportés.
En plus de délivrer une trousse à chaque membre de la première vague, la 1st Army a également autorisé sa distribution à diverses unités, en sus de leur tableau de dotation, sur la base suivante : 20 par division d’infanterie ; 16 par division blindée.
La trousse a également été très populaire dans les troupes blindées, notamment en raison de sa compacité. Elle pouvait être placée n’importe où dans la caisse exiguë d’un char Sherman ou Stuart, par exemple, et était facile d’accès, contrairement à la boîte de premiers secours du véhicule.
Environ 16 000 trousses, modifiées par l’ajout d’un tube de pommade pour les brûlures, sont distribuées en janvier 1945 à toutes les divisions blindées de la 3e armée, sur la base de 2 000 par division. Le tube de pommade y remplace le garrot.
En raison de la polyvalence de son contenu, la trousse de premiers secours pour parachutiste s’est révélée un complément extrêmement populaire à l’équipement des troupes aéroportées, même après l’atterrissage. Les photographies de troupes avec le paquet attaché à diverses pièces d’équipement individuel montrent clairement que l’article était considéré comme essentiel. On peut voir la trousse nouée les bretelles de suspension, au ceinturon…
La 17th Airborne Division
Cependant, l’emplacement le plus emblématique est celui choisi par les troupes de la 17th Airborne Division pour l’opération Varsity (traversée du Rhin), à savoir sur le filet du casque d’acier.
Cette pratique fut peu courante en dehors de la division, mais elle est souvent abusivement reproduite dans certaines expositions ou reconstitutions.
Cette particularité est expliquée dans le rapport rédigé par le lieutenant-colonel David P. Schorr Jr. pour le Command and Staff College de Fort Leavenworth (Kansas) :
« Parce qu’on estimait que le premier contact [entre les troupes britanniques et américaines] se ferait de nuit, un moyen rapide d’identification mutuelle fut jugé essentiel. Le béret traditionnel des commandos offrirait une silhouette appropriée mais, afin que ces derniers disposent de moyens similaires pour identifier les parachutistes pendant les heures d’obscurité, on décida qu’ils attacheraient leurs trousses de premiers secours de parachutiste à l’avant de leurs filets de casque, ce qui leur donnerait une silhouette distinctive. »
On ne sait pas exactement combien de fabricants ont produit ces trousses de premiers secours, bien que l’auteur en ait identifié au moins un, la firme américaine Yardley of London, Inc. Ces trousses du second type étaient livrées, avec leur contenu, en boîtes de huit.
Au moment de la rédaction de cet article, il n’est pas clair si les premiers modèles de trousses étaient livrés pleines ou si elles étaient remplies par des dépôts locaux du service de santé.