En attendant la reprise des vide-greniers, brocantes, bourses et autres salons de collectionneurs, interrompus en raison du confinement, nous continuons de vous présenter plusieurs objets chinés ces derniers mois par nos collaborateurs et nos lecteurs. Le thème principal de notre rubrique porte ce mois-ci sur les casques US M1, grâce à deux « spécimens » découverts en région Centre.

C’est dans le Loiret qu’a été trouvé le premier M1 présenté dans ces pages. Cet exemplaire de seconde génération, à pontets de jugulaire articulés et boucle de sécurité dite « anti-souffle » type T1, a été chiné lors d’un vide-maison.
Il faisait partie d’une collection familiale, constituée depuis la fin des années 1960 par le grand-père des vendeurs. Ces derniers ont ainsi indiqué à l’heureux chineur que leur aïeul l’avait acheté dans un surplus militaire du nord du département, dans les années 1970.
Fabriquée entre août et septembre 1944, la bombe estampillée du numéro 1000 G fait partie des casques produits jusqu’en novembre 1944, période à laquelle le jonc inox, soudé à l’avant, sera remplacé par une pièce en acier au manganèse, soudée à l’arrière.
Mais l’élément le plus intéressant est le dispositif de sécurité de la jugulaire. Etudié à partir de janvier 1944, adopté en juillet et progressivement diffusé en unité sous forme de kit, le système Release Chin Strap T-1 est monté en série dès le mois d’août 1945 sur l’ensemble des M1 livrés à l’US Army.
Ce système anti-étranglement est composé d’un ardillon à boule, adaptable sans modification sur la boucle d’origine de la jugulaire. Sur l’autre élément de jugulaire, il faut retirer l’ancien crochet et monter sur la sangle une nouvelle boucle à griffe en métal embouti. Comme on le voit sur l’illustration d’époque, cette boucle présente un pontet brisé qui permet de ne pas découdre la patte sur la jugulaire.
Deux positions sont possibles (photos ci-dessous) :
– La jugulaire est verrouillée de façon classique quand le crochet est pris sur la boucle ;
– la jugulaire est en position anti-étranglement quand l’ardillon à boule est pris sur le crochet. Ainsi, lors d’une explosion, la boucle se détache automatiquement sous l’effet du souffle, libérant la jugulaire et annulant ainsi toute résistance au niveau du cou et de la tête du soldat, évitant ainsi de lui briser la nuque. À noter que le sous-casque équipant d’origine notre casque est de marque Westinghouse (fabrication de 1943 à mi-1944).

Modification para métro
Le second des casques demeure en par¬tie une énigme. Découvert dans la région de Montargis, ce M1 porte un camouflage trois tons. Le vert sapin et le noir se rapprochent de certaines teintes employées à l’origine par les armées britanniques ou américaines ; quant au marron, il est plus proche de ceux utilisés par l’armée allemande durant la Seconde Guerre Mondiale. Des couleurs qui laissent présumer l’utilisation d’anciens stocks de peinture. Quelques petits éclats laissent toutefois entrevoir sous cette livrée les restes d’un Olive Drab foncé, typique de la fin du second conflit mondial. L’intérieur de la bombe est quant à lui recouvert d’une cou¬leur blanc cassé, qui n’est pas sans rappeler le camouflage hiver qui fut retrouvé sur certains M1 utilisés entre autres dans les Ardennes ou les Vosges en 1944.
Trois pontets artisanaux de jugulaire ont été ajoutés : les trois larges taches, fleur d’acier, à la base et à l’extérieur comme à l’intérieur, ont été générées par la chaleur de la lampe à souder, prouvant que ce travail fut réalisé alors que le camouflage existait déjà.
La jugulaire trois-points, taillée dans des sangles et bretelles de brêlage TAP 50-53, est typique des modifications réalisées dans les années 1960 par les troupes aéroportées Métro. Qui pourra nous en dire plus sur ce modèle M1 et ce type de modification non officielle, et surtout nous donner plus d’informations concernant ce camouflage bien particulier ?

Prisonnier en HBT
Les effets portés par les prisonniers de guerre durant le second conflit mondial sont rares. En découvrir un sur une brocante est désormais exceptionnel. C’est pourtant ce qui est arrivé à l’un de nos lecteurs qui a chiné cette veste HBT dans un vide-greniers de la région d’Epernay. Récupérée à l’origine chez un viticulteur, cette veste est typique des effets US Army fournis aux prisonniers allemands. L’ancien propriétaire de cette veste faisait partie de ces centaines de milliers d’hommes pris en charge par le Service des prisonniers de guerre de l’Axe. Créé en 1943 en Afrique du Nord, il sera transféré dans l’hexagone en septembre 1944 et dépendait à la fois des ministères des Armées et du Travail.
Les prisonniers furent placés dans des exploitations agricoles (ce qui devait être le cas ici) et certaines entreprises dès l’automne 1944. Les habituelles lettres PW (Prisoner of War) sont peintes au pochoir dans le dos et sur les manches, une pratique peu courante par rapport à celle qui imposait surtout leur impression au-devant du vêtement.